BODHIDHARMA

Bodhidharma (au 6ème siècle) originaire du sud de l'Inde, est le fondateur légendaire2 en Chine de l'école Chan, courant contemplatif (dhyāna) du mahāyāna, devenue au Japon l’école Zen connue en Occident. L’école Chan prétendant remonter au Bouddha3, Bodhidharma est considéré comme son 28e patriarche et comme son premier patriarche chinois.

Le Nouveau recueil de biographies des moines éminents4 le fait arriver en Chine durant la dynastie Liu-Song, (420–479), opinion retenue par la majorité des spécialistes, mais L’Anthologie de la salle du patriarche5 situe sa venue sous les Liang (502–557)6. Toutes les sources s’accordent pour situer l’essentiel de son activité dans le royaume des Wei du Nord.

Très connu en Chine, en Corée, au Japon et au Vietnam, il y est souvent représenté sous l’aspect d’un moine barbu un peu hirsute, aux grands yeux surmontés de sourcils broussailleux et à l’air sombre. Il est surnommé "Le grand voyageur" et "Le moine aux yeux clairs".


Biographie(s)

On a très peu d’indications solides sur sa vie. Les sources biographiques les moins succinctes sont aussi les plus tardives, ce qui augure mal de leur fiabilité. La plus ancienne est la brève notice de Tanlin (曇林; 506–574), disciple de Huike – ou selon certains, de Bodhidharma lui-même - dans la préface de Deux Entrées et quatre pratiques7. Il y est dit qu’il est originaire du Sud-Ouest de l’Inde, de famille princière8, qu’il a « traversé monts et mers » pour porter le dharma en Chine, et qu’il avait plusieurs disciples dont Daoyu (道育) et Huike9. Sur ces bases, Zvelebil10 a proposé qu’il pourrait être un prince de la dynastie Pallava, dont la capitale était Kânchîpuram. Cette dynastie étant considérée par certains comme d’origine indo-iranienne11, cela permettrait de réconcilier les informations de Tanlin avec la mention d’un Bodhidharma persan rencontré à Luoyang entre 516 et 526 par Yang Xuanzhi (楊衒之)12 ; une autre hypothèse avancée est que le Persan et le premier patriarche du Chan sont deux personnes différentes. La date de 440 a été avancée pour sa naissance.

Selon le Nouveau recueil des biographies de moines éminents (645)4 de Daoxuan (道宣), il est d’origine brahmane. Il arrive dans le royaume de Nanyue (donc par bateau) sous les Liu-Song (420–479) et traverse le Chang Jiang en direction du royaume des Wei du Nord avant la fin de la dynastie. Selon l’auteur, Bodhidharma serait mort avant 534 au voisinage de la rivière Luo où Huike l’aurait enterré dans une grotte. Certains ont de ce fait émis l’hypothèse qu’il aurait pu mourir lors des exécutions ordonnées à cet emplacement en 528 par l’empereur Xiaozhuang13

Dans l’Anthologie de la salle du patriarche (952)5, la légende de Bodhidharma est déjà bien constituée. Il est présenté comme disciple de Prajñātāra. Il arrive en Chine en 527 durant la dynastie Liang (502–557) et a avec l'empereur Wudi une entrevue restée célèbre14 :


L’empereur Wu des Liang étant incapable de comprendre la signification profonde du dharma, Bodhidharma traverse le fleuve Yangzi en 527 et entre dans le royaume des Wei, il s’arrête au monastère Shaolin du mont Song au Henan où il médite pendant neuf ans devant un mur, d’où est venu son surnom de « Brahmane contemplant un mur ».

Selon l’Anthologie, Bodhidharma, mort avant 536, fut enterré sur le mont Xiong'er (熊耳山) à l’est de Luoyang. Néanmoins, trois ans après, un fonctionnaire des Wei occidentaux (534-556) nommé Songyun (宋雲) l’aurait rencontré dans le Pamir alors qu’il cheminait vers l’Inde avec une seule sandale. Il lui prédit la mort prochaine de son souverain. Peu après le retour de Songyun, la prédiction se réalisa. La tombe de Bodhidharma fut ouverte et on n’y trouva qu’une sandale.

Dans La Transmission de la lampe (1004)15, Daoyuan (道原) prétend que Prajñātāra changea son nom originel de Bodhitāra en Bodhidharma, et qu’il ne mourut pas en Chine mais se mit un jour en route pour l'Inde sans cérémonie, tenant en main une de ses sandales16.

Selon la légende Shaolin et Chan, en 475, il se rendait au monastère Shaolin, pour prêcher le Dharma selon la voie du bouddhisme mahāyāna. Mais les moines lui refusèrent l'accès. Il s'assit et fixa son regard sur le mur d'enceinte du monastère. Il y médite pendant 9 ans, en position Zazen. Il parvint (au moins de façon symbolique) à trouer le mur par son regard. Ce qui força le respect des moines et lui permit d'entrer. Il y développa l'enseignement Shaolin. Vers l'an 520, il quitta le monastère et resta en Chine, pour inaugurer le Zen.

Héritage

Philosophie et méditation

Bodhidharma a transmis son enseignement contemplatif à Hui Ke (487-593) en lui confiant les quatre volumes du Soutra de l’Entrée sur l’Ile (sk. Lankāvatārasūtra, ch. Léngjiā ābāduōluó bǎojīng 楞伽阿跋多羅寶經) qu’il jugeait convenable pour délivrer les Chinois, Hui Ke est devenu le deuxième patriarche de l’école de la méditation en Chine. Ce serait en effet le soutra principal des premiers moines Chan selon l’Histoire des maîtres du Lanka (楞伽師資記 Léngjiā shīzī jì) du moine Jingjue (淨覺; 683–750)17. Ce soutra, qui se rattache à la philosophie yogacara18, insiste sur l’importance de dépasser la dualité et l’inutilité du langage pour la transmission du dharma19.

Cette notion est exprimée dans une stance célèbre attribuée à Bodhidharma, bien qu’elle date, selon H. Dumoulin, de 100820 :

« Le zen va droit au cœur.
Vois ta véritable nature
et deviens Bouddha. »

Dans Deux entrées et quatre pratiques et le Nouveau Recueil de biographies des moines éminents, la technique de méditation de Bodhidharma est appelée « contemplation de mur » (壁觀 bìguān). L’auteur du second ouvrage précise qu’il s’agit de « calmer l’esprit » (安心 ān xīn). Ce terme a été interprété littéralement par la tradition, qui décrit Bodhidharma méditant immobile face à un mur pendant plusieurs années. Néanmoins, certains pensent qu’il s’agit d’une expression imagée et que le biguan pourrait être ce que l’on nommera plus tard le zazen (坐禪: zuòchán).

Les légendes : Shaolin et chan

D'après la légende, le Bodhidharma aurait créé et enseigné le kung-fu Shaolin aux moines du temple Shaolin, pour les aider à se défendre des animaux et des brigands qui rodaient autour du monastère. Les recherches académiques contestent cette thèse dès le XVIIIe siècle, et certains historiens datent la création de cette légende au XVIIe siècle, avec la mention de pratiques physiques à Shaolin (qi gong) dans des passages du Yì Jīn Jīng (estimé postérieur au XVIIème siècle)21.

La tradition rattache également Bodhidharma à la création du bouddhisme chan, au temple Shaolin. Les recherches académiques contestent cette thèse légendaire. Même si bodhidarma avait prêché des doctrines influençant les penseurs Chan, la plupart des historiens considèrent que l'attribution de Bodhidharma comme fondateur Chan n'a pas de caractère historique21.

Une légende lie Bodhidharma à la culture du thé : Après avoir médité 7 ans immobile face à un mur, il se serait endormi. Pour éviter que cela ne se reproduise, il se serait coupé les paupières. En tombant à terre elles auraient donné naissance à deux plants de thé, bien utile pour maintenir éveillé les pratiquants du zazen22.

Une légende veut que, après 9 ans de méditation, les jambes et les bras de Bodhidharma auraient pourri, ce qui serait à l’origine des statuettes sphériques de Bodhidharma et des culbutos Daruma au Japon.[réf. nécessaire]

Autres

En Malaisie, on raconte que Bodhidharma dans son voyage depuis l’Inde aborda à Palembang où il passa un bon moment avant de se diriger vers le nord du pays. Il se serait ensuite rendu au Siam puis dans différentes régions de l’Asie du Sud-Est, propageant la méditation et les arts martiaux, avant de se rendre finalement en Chine.

La Nature est un mot polysémique, qui a plusieurs sens fondamentaux :

Ce mot vient de l'anglais nature issu lui même du mot latin naturia signifiant naissance; il évoque donc à ce qui est dans son état natif, c'est-à-dire qui n'a pas été modifié depuis sa naissance. Le mot naturel qualifie effectivement parfois un objet ou une substance qui n'a pas été transformé, mélangé ou altéré par un artifice quelconque. Par extension, il désigne aussi un comportement spontané (comme dans l'expression "ayons l'air naturel"). Mais le sens le plus courant est très éloigné du sens étymologique, car le plus souvent la nature désigne un ensemble de phénomènes et de situations qui peuvent être fortement évolutifs mais dont la transformation n'est pas essentiellement le fait de l'homme.

Au sens commun la Nature regroupe :

Face au constat des répercussions négatives des activités humaines sur l'environnement biophysique et la perte accélérée de naturalité et de biodiversité au cours des dernières décennies, la protection de la nature et des milieux naturels, la sauvegarde des habitats et des espèces, la mise en place d'un développement durable et raisonnable et l'éducation à l'environnement sont devenues des demandes pour une grande partie des citoyens de la plupart des pays industrialisés. Les principes de l'éthique environnementale, de nouvelles lois et des chartes de protection de l'environnement fondent le développement d'une idéologie culturelle humaine en relation avec la biosphère.

Gold creek en Alaska
voir la planète terre de l'extérieur (ici vue d'Apollo 17) a probablement contribué à une nouvelle perception de la nature, plus globale et holistique
Les grandes forces du monde physique ont habituellement été considérées comme « naturelles » ; l'Homme n'ayant pas ou très peu de prise sur elles
Cellules cycloniques.. Les phénomènes météorologiques et le climat, peuvent aujourd'hui être affectés par les activités humaines
Pediastrum boryanum. Les processus naturels dépendent d'interactions complexes entre les espèces et les milieux, à toutes les échelles, de l'infiniment petit à la biosphère. Ainsi le plancton interfère-t-il avec le climat et réciproquement, via des processus naturels que l'homme modifie par exemple via la surpêche, l'eutrophisation et les émissions de gaz à effet de serre
Dans la Nature, le recyclage de la matière organique et de la nécromasse est un processus vital. Il est notamment assuré par les champignons et les bactéries; la biodiversité en est une des conditions reconnue d'auto-entretien de ce processus
Un des enjeux du développement durable est la conservation des processus naturels vitaux pour le maintien de la vie sur la planète, autrement dit, il s'agit de résoudre les conflits entre nature et artificialisation, dans le domaine agricole et forestier notamment
La nature sauvage est de plus en plus confinée par l'homme sur des espaces réduits (Parcs et réserves naturelles dont les limites sont en fait artificielles), ce qui pose des problèmes écologiques (dont génétiques, sanitaires) et éthiques
L'urbanisation, la périurbanisation (ici de Chicago) et la fragmentation des milieux naturels par les réseaux de transport sont devenues une menace pour la nature et ses processus. Ce sont aussi des défis pour le développement durable
Le saumon consommé est de plus en plus du saumon d'élevage, le saumon sauvage ne trouvant plus les conditions naturelles qui lui sont nécessaires, ou ayant localement disparu, suite à une surpêche. L'élevage (ici la pisciculture) cherche à se substituer à des processus naturels et à les maîtriser pour les utiliser au profit de l'homme. La réintroduction est une stratégie complémentaire visant à restaurer les processus naturels
L'univers profond vu par Hubble. L'homme étudie les forces naturelles qui animent l'univers. Il y recherche notamment des indices d'existence d'autres formes de vie


Dans l'usage commun et religieux, la nature a longtemps été présentée dichotomiquement en Europe, comme ce qui est autour de l'Homme, qui n'est pas lui, et qui est animé par des processus ou des forces qui lui échappent. À présent, avec l'éducation et l'accès aux connaissances, plus personne ne s'étonne que l'espèce humaine soit parmi d'autres dans la nature. La nature est, était et sera le milieu dans lequel l'homme vit, vivait et vivra. Les sciences et notamment l'écologie montrent que la nature (co-)évolue dans le temps et l'espace, selon des dynamiques complexes, incluant celles de l'évolution des espèces, la sélection naturelle, et que les forces animées ou détournées par l'humain ou d'autres espèces sont devenues capables de modifier les grands processus naturels planétaires.
Dans l'interprétation des philosophies animistes ou religieuses, la nature est simplement présentée comme manifestant l'équivalent d'une volonté autonome ou d'un sens déterminé. Ainsi est-il courant d'entendre dire sans raisonnement que la nature se vengera de ce qu'on lui fait de mal, ou au contraire qu'elle rendra au centuple le bien qu'on lui fait, et que certains actes sont contre-nature. Ces expressions laissent penser que des cultures de l'homme contemporain accordent une valeur particulière à la Nature, d'ordre éthique, d'ordre moral ou d'ordre naturel, qu'il s'y inclut ou non.

La nature est perçue par les sens et est pensée de façons variables par les espèces et les individus inclus[réf. souhaitée]. Du point de vue philosophique, la distinction se fait simplement entre la nature, la nature des espèces et la représentation de la nature humaine (Homo sapiens). Le raisonnement confine, limite et précise donc par défaut la capacité humaine et l'envergure à accorder, à reconnaître et à considérer à la valeur de l'exercice.
La représentation de la « nature humaine » correspond logiquement aux philosophies humaines existantes et aux cultures humaines possibles.
La "philosophie de la nature" est un sujet d'apparence inexplorable par l'être vivant, malgré de multiples miroitements perceptibles.


D'une certaine façon, on peut dire que le christianisme, suivant la tradition biblique et judaïque, a désacralisé la nature, qui fut alors associée à celle d’une transcendance divine, extérieure à l'homme.

Dans la Genèse, la nature est présentée dans le récit de la Création, comme l'œuvre d'un Dieu créateur :

« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre » (

La Création se poursuit tout au long de "six jours". Le sixième jour, Dieu crée l'homme et la femme :

« Et Dieu les bénit, et il leur dit : " Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et soumettez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre. » (Gn 1. 28)

La nature est alors présentée comme un accès à l’Écriture sainte.

Actuellement, pour les catholiques, la nature est l'appellation laïque de création.

Saint Augustin, reprenant la tradition philosophique grecque, voit dans les créatures deux types de nature : l'essence (essentia) et la substance (substantia)1. Pour lui, « même le plus ignorant lit dans le monde ». Les clés d'accès aux Écritures sont alors les quatre sens de l'Écriture.

La littérature allégorique du Moyen Âge faisait appel à plusieurs de ces sens pour l'interprétation des textes. Alain de Lille (1114-1203) écrivit par exemple deux poèmes (Anticlaudianus et De planctu Naturae) dont le principal personnage est " Nature ", qui est une figure emblématique des lois du monde créé par Dieu. Il précise que ces poèmes doivent être lus à trois niveaux : au sens littéral (pour l'entendement puéril), au sens moral, ou au sens allégorique2.

Une autre illustration de ces représentations de la nature se trouve dans la série des tapisseries de la Dame à la licorne, qui est toute chargée d'allégories3.

L’idée sous-jacente est que la nature ne fait rien au hasard, mais est sous un commandement divin.

Le transcendantalisme, né au XIXème siècle, suit le principe selon lequel la nature est un être divin, apprenant à l'homme la raison et la beauté. Les transcendantalistes trouvent dans la nature une source d'expériences et d'aventures indispensables au développement intellectuel et spirituel de l'Homme.


Cette idée prévaut jusqu’à l'apparition de la conception moderne de la science (Galilée).

Nouvelles représentations

Avec Galilée et Descartes, une nouvelle représentation du monde apparaît. Descartes rejette la philosophie scolastique :

« [...] au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connoissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connoissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. »4

Dans sa philosophie, Descartes introduisit des rapports radicalement nouveaux entre la l'homme et la nature.

Avec l’âge classique au XVIIe siècle, et la naissance de la science moderne, on assiste ainsi à l’invention d'une nouvelle représentation de la nature. Cette représentation est le résultat de la croyance de beaucoup de philosophes des XVIIe et XVIIIe siècles, selon lesquels la nature était gouvernée par une loi universelle, la gravitation. On perçoit une extension des limites du monde connu à d'autres planètes. Le monde s'étend alors au système solaire dont on connaît les "lois" d'évolution qu'il est possible de décrire sous une forme mathématique.

La méthode expérimentale permit de faire progresser la connaissance de l’histoire « naturelle » (i.e. des sciences naturelles). Ce qui a fait dire à Maurice Merleau-Ponty que « le changement de l’idée de nature a permis sa découverte ».

Émancipation de la pensée

L'époque moderne a aussi inventé la liberté de pensée (cogito ergo sum, dit Descartes), il devient possible de parler publiquement d'athéisme.

L’intervention divine devient alors plus abstraite, confinée au mystère de la foi. Ainsi, certaines formes d'empirisme ne rejettent pas la notion de foi et de religion, au contraire : la méthode expérimentale du physicien et chimiste irlandais Robert Boyle, par exemple, s'appuie sur une foi vécue dans l'expérimentation scientifique.

Descartes et Spinoza rejettent la conception aristotélicienne de la nature, l'existence de Dieu étant perçue sur un plan purement métaphysique. Une nouvelle conception de l’homme apparut au XVIIIe siècle, un homme qui s'appuie davantage sur la raison et sur l'expérience pour comprendre le monde. Au XIXe siècle, la notion même de métaphysique s'estompe presque complètement, submergée par les idéologies.

Cette conception de l'homme est donc tardive en Occident, mais également inédite dans l’histoire du monde. Les sciences humaines n’héritent pas d’un domaine vacant car l’ « homme n’existait pas ».

Mais cette émancipation partielle de l'humanité n'a pas pour autant supprimé toute forme de croyance. Pendant les Lumières, alors que les pratiques religieuses sont souvent perçues comme des superstitions par les philosophes, la conception populaire d'une sacralisation de la nature prit une emphase toute particulière. Ainsi, la croyance en un dieu créateur est très présente à travers le déisme : Voltaire ne croyait-t-il pas en un dieu créateur, qui aurait abandonné l'humanité à son triste destin ? Cette croyance poussée à l'extrême engendra le culte de la Raison et de l'Être suprême. Il est significatif de constater que dans ce contexte de déchristianisation, parmi les fêtes civiques, c'est la fête de la nature qui aura réellement du succès.

Évolutions sémantiques et esthétiques

Ce changement de représentation se fit à la faveur d'un changement linguistique majeur : l'apparition du français classique5.

Ainsi, le mot physique, qui étymologiquement, en grec, signifie la nature dans son ensemble (phusika), changea de sens pour prendre un sens presqu'exclusivement scientifique.

Un autre corollaire fut une évolution de la sensibilité esthétique. La hiérarchie des genres de la peinture classique, par exemple, accordait peu d'importance au paysage. Celui-ci occupa à partir du XIXe siècle une place beaucoup plus importante.


La conception cartésienne de la nature n'a pas pour autant supprimé le sens que donnent les naturalistes à ce mot. L'histoire des sciences naturelles montre que l'interaction des êtres vivants entre eux et avec leur milieu a été une préoccupation constante de beaucoup de scientifiques, qui a pris une importance croissante jusqu'à l'avènement d'une écologie plus holistique, dont la naissance peut se situer vers le XVIIIe siècle. Elle illustre la diversité des thèmes étudiés en écologie, et de façon plus générale dans les sciences naturelles.

Le mot nature a pris ou conservé des sens différents selon les contextes :

  • « La nature » devient l'ensemble du réel ignorant les modifications apportées par l'homme, elles-mêmes qualifiées d'artificielles. « la nature » est alors ce qui ne subit pas la mise en forme d'une finalité humaine technique. C'est dans cette optique qu'existent certains produits qualifiés de « naturels » (ou biologiques), leur production n'ayant pas nécessité de produits « inventés » par l'homme (par exemple un fruit sera dit « naturel » lorsqu'il aura été produit sans l'aide d'insecticide ou de transformation génétique). Cette distinction sous-entend une séparation entre l'homme et la nature sur le critère de l'intention (sens moral).
  • Le mot « nature », employé dans l'expression « nature humaine » par exemple, conserve un sens plus traditionnel qui est l'ensemble des caractères fondamentaux qui définissent la personnalité physique ou morale d'un être. On peut l'employer également dans l'expression « nature de la communication » .

La notion de nature porte donc en elle des questions philosophiques, à travers les rapports que l'homme entretient avec le milieu naturel et l'environnement, ses conceptions de la vie sociale, et les multiples sens qu'il est possible d'attribuer au mot nature dans les représentations sociales.

Le mot nature a donc conservé des sens multiples (polysémie). Les préoccupations environnementales actuelles montrent combien il importe d'identifier ces sens et leurs finalités dans chaque contexte particulier.



L'hypothèse Gaïa est la théorie initialement avancée par James Lovelock en 1969, mais également évoquée par Johannes Kepler dès la XVIIe siècle, selon laquelle l'ensemble des êtres vivants sur Terre (ou sur toute planète sur laquelle la vie s'est développée) serait comme un vaste organisme (appelé Gaïa, d'après le nom de la déesse grecque (voir aussi Théories Gaïa)), réalisant l'autorégulation de ses divers éléments (par exemple, la composition chimique de l'atmosphère) en faveur des conditions de la vie.

La notion de biosphère énoncée par Vernadsky en 1924 allait déjà dans ce sens.



Le caractère imprécis de la définition même de Nature entretient une ambiguïté dans la relation entre Homme et Nature.

La biosphère terrestre étant de plus en plus marquée par l'empreinte de l'Homme, il devient de plus en plus difficile d'y trouver des espaces purement naturels. La nature au sens le plus strict est refoulée d'une part vers le bas, dans le sous-sol lointain et les grands fonds océaniques, et d'autre part vers le haut, dans l'espace intersidéral. Les phénomènes climatiques eux-mêmes ne sont plus considérés comme indépendants de l'activité humaine.

D'un autre côté, le concept est souvent employé dans un sens dérivé pour désigner des espaces aménagés par l'homme mais dans lesquels une large place est réservée à des peuplements végétaux et animaux; c'est ainsi qu'on peut parler de nature à propos d'une forêt, même si elle est cultivée et exploitée depuis des siècles, et qu'on qualifie même de parcs naturels des territoires où s'exercent des activités agricoles intensives dotées de moyens mécaniques et chimiques modernes. Dans ce cas, le qualificatif naturel désigne certaines caractéristiques paysagères (variables selon le lieu et sans définition universelle) et n'implique pas l'absence d'artifice humain. Il fait référence à un mode de gestion de l'espace par l'Homme, plutôt qu'à une absence d'intervention humaine.

Le mot naturel a également été employé à l'époque coloniale dans un sens équivalent à celui du mot anglais native, c'est-à-dire au sens étymologique, pour désigner les habitants natifs des pays colonisés. Cette appellation, qui ne se voulait pas injurieuse, avait cependant une connotation raciste dans la mesure où elle suggérait que ces hommes vivaient dans des conditions plus "proches de la nature" que les autres. Dans le même ordre d'idées, l'imagination populaire représente souvent les hommes de la Préhistoire comme plus naturels que les hommes d'aujourd'hui, suggérant que la nature correspond à un état primitif dont le progrès amène inéluctablement à s'éloigner.

L'idée de nature a été remaniée par la culture urbaine à travers la notion mythique de sauvagerie désignant de manière générale ce qui est extérieur à la civilisation. Le fait que le même mot sauvage soit utilisé d'une part comme un synonyme de naturel et d'autre part pour qualifier des actes particulièrement violents ou cruels (même s'ils sont commis dans des sociétés urbaines avec des moyens techniques sophistiqués) met bien en évidence une certaine tradition idéologique qui place plus ou moins consciemment du côté de la nature ce qui est étranger à la culture dominante et/ou mauvais. Paradoxalement, il se trouve aussi que, dans d'autres contextes, le mot naturel est employé dans la langue populaire comme un synonyme de normal, légitime ou logique; la Nature, lieu de la sauvagerie, est donc aussi celui du bon sens fondamental et, par voie de conséquence, elle est la source des principes les plus légitimes de l'Homme civilisé.

Le développement des sciences et des techniques au cours des deux derniers siècles a été, de son côté, largement accompagné par une idéologie d'opposition entre l'Homme et la Nature, la connaissance étant généralement perçue comme un instrument de domination de la Nature plutôt que comme un moyen de vivre en harmonie avec elle. Cette époque a vu aussi se développer la philosophie du droit naturel, dont découlent notamment les droits de l'homme et selon laquelle l'Homme se verrait attribuer par la nature des prérogatives immuables; mais ici le paradoxe n'est qu'apparent, car dans ce contexte la notion de nature est employée dans le sens de nature humaine, et n'implique aucune espèce de "réconciliation" avec la Nature (la promotion des droits de l'homme est d'ailleurs, jusqu'à présent, indépendante de toute préoccupation environnementale).

En fait, la distinction entre l'humain et le naturel repose essentiellement sur des notions historiques et subjectives, voire contradictoires. La question de son bien-fondé universel reste ouverte. La distinction (parfois conçue comme une opposition) a été inspirée et justifiée par le besoin, d'origine religieuse ou découlant de certaines formes d'humanisme, de représenter l'Homme comme un être en-dehors ou au-dessus de la Nature même si par ailleurs l'Homme n'est pas séparable de son environnement naturel avec lequel il est en interaction permanente et dont il ne peut pas plus s'affranchir que n'importe quelle autre espèce vivante.




Les associations d'étude et de protection de la nature sont des acteurs majeurs dans le domaine de la protection de la nature. Près de 3000 associations locales se regroupent au sein de la fédération nationale France Nature Environnement. Un certain nombre d'association d'envergure départementale ou régionale déclinent cette appellation nationale en fonction des territoires concernés (ex: Mayenne Nature Environnement ou Sologne Nature Environnement). En France, la protection de la nature a sa place dans l'enseignement agricole : il existe un BTSA GPN (Gestion et Protection de la Nature), divisé en 2 sections : GEN (Gestion des Espaces Naturels) et AN (Animation Nature). Des professions tels que les gardes particuliers des bois et forêts bénévoles ou professionnels, assurent aussi la surveillance des espaces naturels. La formation est dispensée par des organismes tels que EPSECO (source SIGP31).


La notion de nature renvoie a priori à l’idée d’un domaine ayant ses propres principes de développement, qui serait hors de l’action de l’homme. Or, on réalise aujourd'hui que le changement climatique a une origine anthropique. L’idée de nature n’est donc pas suffisante. Il y a une complémentarité et une interaction entre la nature et les communautés humaines. L’esquisse de cette complémentarité réciproque peut s'éclairer avec la notion de culture écologique.

On constate par exemple que les notions de patrimoine naturel et de patrimoine culturel sont intimement liées, en observant le patrimoine mondial de l'UNESCO qui dresse une liste de sites naturels et culturels.

La convention de 2007 de l'UNESCO souligne l'interaction des communautés humaines avec la nature, dans la définition qui a été donnée du patrimoine culturel immatériel :

« Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d'identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine. »

La notion de culture recouvre deux sens :

Le premier correspond à l’idée de civilisation. Cette idée est aussi ancienne que l'histoire de l'humanité, mais a trouvé une nouvelle signification avec la Philosophie des Lumières. Dans ce sens, la culture est le trait distinctif de l’espèce humaine, associé à ses savoirs et savoir-faire. Cette conception française de la culture serait plutôt individualiste (pensons aux Rêveries d'un promeneur solitaire de Rousseau).

Le second est le sens allemand, émergeant sous l’influence du romantisme. La culture est la configuration particulière de croyances coutumières, traits matériels, organisations sociales… elle est une totalité singulière, une sphère autonome incommensurables avec d’autres totalités. Cette conception plus collective s'oppose à la conception française.

Dans les Mots et les Choses, Michel Foucault définit l’anthropologie comme l’étude des rapports entre la nature et la culture. Globalement on peut appréhender cette question en distinguant les anthropologies matérialistes et les anthropologies symbolistes.

Les anthropologies matérialistes s’intéressent aux fonctions structurantes de la vie matérielle. L’idée sous-jacente est que la nature est un déterminant de base : elle y est définie en terme ethnocentrique, comme étant le moteur de la vie sociale. On y trouve l’anthropologie marxiste des années 1970 en France, pour laquelle la nature est une donnée brute qui peut être appropriée ou transformée, et l’environnement naturel est une précondition de l’environnement économique. On trouve aussi la sociobiologie et l’écologie culturelle, entre lesquelles on souligne un certain parallèle puisque pour les deux, la cause ultime des comportements revient au champ de la nature. Dans tous les cas, pour les anthropologies matérialistes, la culture est une forme particulière d’adaptation à une nature qui serait partout un élément déterminant et conditionnant.

Les anthropologies symbolistes s’intéressent aux caractères symboliques de la vie sociale. Elles mettent l’accent sur les aptitudes des hommes à créer un monde de signification et d’intentionnalités dépendant des déterminations brutes de la nature.

Dans Anthropologie Structurale 2, Lévi-Strauss dit que l’anthropologie est la discipline qui pense la relation entre la nature et la culture. La dichotomie nature / culture soulevée, l’opposition nature / culture suggère deux possibilités. Soit la culture est ce qui donne un sens à nature (la culture impose sa signification à la nature). Soit la nature détermine les rapports sociaux (la nature donne forme à la culture).


La dichotomie nature / culture utilisée comme outil analytique est en partie dérivée de Claude Lévi-Strauss. Il l’a notamment utilisée comme opérateur central pour décoder les mythologies. Celui-ci a été reconnu pertinent par les ethnologues de ces sociétés amérindiennes. La mythologie retrace la construction de la nature sur un fond initial d’indifférenciation culturelle. (Ainsi dans les mythes amérindiens, au début les animaux et les hommes avaient la même apparence). Chez Lévi-Strauss, l’opposition, là où elle est pertinente, c’est-à-dire dans les mythes, n’est qu’une façon de mettre une étiquette sur des contrastes.

L’écologie culturelle donne un crédit illimité à la nature. L’anthropologie structurale, à ce propos, n’oppose pas une forme d’idéalisme mais aussi un naturalisme, mais un naturalisme de principe. Lévi-Strauss n’a jamais varié dans l’idée que la nature conditionne les opérations intellectuelles, la nature devenant donc une construction empirique. L’étude naturaliste doit permettre de comprendre la structure des groupes culturels. Ce qui intéresse Lévi-Strauss est de rendre compte de la manière dont l’esprit opère dans des contextes culturels et géographiques distincts (ex : les Mythologiques). La mythologie révèle dans une forme épurée les opérations d’un esprit qui n’est plus condamné à mettre en ordre, mais qui peut « jouer » avec les règles de fonctionnement de la pensée.


La dichotomie nature / culture est une spécificité culturelle occidentale récente, qui n'est pas partagée universellement. Ce paradigme n’est pas simplement un outil analytique parmi d’autres, il est aussi la clef de voûte de l’épistémologie moderne. Ainsi Descola distingue quatre « modes d’identification » qui sont le totémisme, l’animisme, l'analogisme et le naturalisme. Seule la société naturaliste (occidentale) produit cette frontière entre soi et autrui à travers l’idée de « nature ». La nature serait ce qui ne relève pas de la culture, ce qui ne relève pas des traits distinctifs de l’espèce humaine, et des savoirs et savoir-faire humains.

Son usage comme outil analytique en ethnologie a parfois été fécond. Toutefois, et Philippe Descola l’a montré dans Par-delà nature et culture (2005), l’idée de nature est étrangère à de nombreuses sociétés.

La nature est en train de disparaître


La nature est en train de disparaître car il y a beaucoup de gens qui détruisent la nature et construisent des immeubles des usines... La nature disparaît aussi à cause des industries. Et il y a trop de véhicules qui circulent sur notre planète c'est comme ça qu'il y a des embouteillages et la fumée est mauvaise pour la nature. On peut utilisé les véhicules mais on peut aussi utilisé les vélos.



Une nouvelle planète en diamant






Imaginez un diamant qui fasse cinq fois la taille de la Terre... Ce n'est pas un rêve de joaillier, mais la trouvaille bien réelle d'une équipe de chercheurs, qui a découvert une nouvelle planète qui n'est en fait qu'un gigantesque diamant.

Le carbone présent sur la planète en orbite autour d'une étoile à neutrons, aurait crystallisé pour se transformer en diamant, révèlent les chercheurs dans leur étude, parue dans le journal scientifique Science.

Et ce n'est pas la seule originalité de cette planète, qui fait donc environ cinq fois la taille de la Terre, rapporte le site Space. Son histoire est aussi très curieuse.

L'étoile à neutrons autour de laquelle elle orbite est une pulsar milliseconde, un type d'étoile qui a généralement un compagnon, une autre étoile, en train de mourir, qu'on appelle une naine blanche. Jusqu'à aujourd'hui, on n'avait trouvé qu'une planète en orbite dans un système de ce genre, en 1992. Mais depuis la découverte de cette pulsar milliseconde en 2009, les scientifiques étaient à la recherche de son compagnon.

Les chercheurs pensent que la planète de diamant était ce compagnon, cette naine blanche. D'après eux, les deux étoiles se seraient rapprochées et le coeur de la naine blanche ne se serait pas complètement fondu dans la pulsar. Autrement dit, sa réaction à l'étoile pulsar a transformé la naine blanche en planète:

«Quand elles sont devenues très proches, l'étoile a perdu beaucoup de sa matière et s'est déplacée à sa distance de sécurité actuelle.»

Le chercheur qui dirige l'équipe explique que leur découverte est une déduction logique:

«Il est vrai que nous n'avons pas été sur la surface de la planète et que nous ne l'avons pas forrée, et d'ailleurs nous n'avons pas eu d'observations optiques de cette planète nous permettant de la voir. En fait ça repose sur notre compréhension de l'évolution des étoiles, et aussi sur la densité de son.